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دانلود کتاب تحولات خاموش (مقاله فرانسوی) (نسخه فرانسوی)

Les transformations silencieuses (essai français) (French Edition)

مشخصات کتاب

Les transformations silencieuses (essai français) (French Edition)

دسته بندی: فرهنگی
ویرایش:  
نویسندگان:   
سری:  
 
ناشر: Grasset 
سال نشر: 2009 
تعداد صفحات: 0 
زبان: French 
فرمت فایل : EPUB (درصورت درخواست کاربر به PDF، EPUB یا AZW3 تبدیل می شود) 
حجم فایل: 132 کیلوبایت 

قیمت کتاب (تومان) : 50,000



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توجه داشته باشید کتاب تحولات خاموش (مقاله فرانسوی) (نسخه فرانسوی) نسخه زبان اصلی می باشد و کتاب ترجمه شده به فارسی نمی باشد. وبسایت اینترنشنال لایبرری ارائه دهنده کتاب های زبان اصلی می باشد و هیچ گونه کتاب ترجمه شده یا نوشته شده به فارسی را ارائه نمی دهد.


توضیحاتی درمورد کتاب به خارجی

D’où vient que ce qui se produit inlassablement sous nos yeux, et qui est le plus effectif, est patent, certes, mais ne se voit pas ? Effectif, à coup sûr : tant un effet de réel s’y fait, au bout du compte, le plus brutalement sentir et nous revient en plein visage. Car il ne s’agit pas là d’une invisibilité intérieure, secrète, psychologique, celle qui serait des sentiments ; ni de l’invisibilité des idées, que la philosophie a décrétée d’emblée d’une autre essence que le sensible. Non, l’invisibilité dont je parle est propre au « phénomène » et fait son paradoxe : ce qui ne cesse de se produire et de se manifester le plus ouvertement devant nous – mais si continûment et de façon globale – pour autant ne se discerne pas. Discret par sa lenteur en même temps que trop étale pour qu’on le distingue. Il n’y a pas là éblouissement soudain qui aveuglerait le regard par son surgissement ; mais, au contraire, le plus banal : ce partout et tout le temps offert à la vue, de ce fait même, n’est jamais perçu – on n’en constate que le résultat. l y a bien là « révélation », comme on dit, surgie dans cette échancrure, mais qui n’a plus rien à voir, cette fois, avec une sollicitation mystique, tant ce patent qui se lève alors devant nous est bien le seul irrécusable et même sur le point de tout emporter dans son vertige. « J’ai vieilli » – mais un mot suffit-il à le dire ? Ou ce mot n’est-il pas plus « gros » que tous les autres mots ? Car jusqu’ici silencieuse, la transformation s’impose maintenant de la façon la plus criante, d’autant plus brutale, par son résultat, et cet effet de réel nous revient bien en plein visage. Voilà donc qui s’est opéré si sourdement en moi – au point qu’il n’y a plus « moi » – et qui a pourtant échappé à ma conscience ; et rejette soudain tellement loin de nous – comme tellement abstraits, secondaires – ces fameux problèmes de la connaissance dans lesquels s’est complu la philosophie. En me retournant d’abord, par commodité, sur les termes rivaux entre lesquels s’est départagée la philosophie contemporaine, j’expliquerai ainsi plus posément ma surprise (devant la photographie d’il y a vingt ans) : elle serait d’un « sujet » qui se découvre soudain « procès » et se voit noyé – absorbé – en celui-ci. Je me croyais sujet : sujet d’initiative, concevant et voulant, actif ou passif mais gardant toujours le sentiment de son être et se possédant ; qui certes se sait pris dans tout un ensemble d’interactions qui l’enserrent, externes aussi bien qu’internes, mais ne s’en considère pas moins « cause de soi », selon l’expression chère à la métaphysique, causa sui. Or voici que cette perspective sous mes yeux soudain violemment bascule, elle chavire en cette autre : celle d’un cours ou d’un continuum dont la seule consistance tient à la corrélation de facteurs entre eux – entre eux et comme sans égard à « moi » – et d’où procède sans s’interrompre, de façon obvie mais imperceptible, cette évolution d’ensemble. « Je » suis ce (du) « vieillir ». Car le vieillissement n’est pas qu’une propriété ou qu’un attribut de mon être, ni même une altération graduelle portée à sa constance et sa stabilité ; mais bien un enchaînement conséquent, global et s’auto-déployant, dont « je » est le produit successif. Peut-être même n’en est-il que l’indicateur commode. Devant la photographie d’il y a vingt ans, c’est cette validité du « sujet » qui soudain défaille. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la notion en soit fausse, qu’il faille renoncer à son option d’autonomie et de Liberté, mais que sa pertinence se découvre soudain limitée. Elle en a recouvert à trop bon compte une autre qui brusquement, devant ce vestige d’il y a vingt ans, refait brutalement surface et crée le vertige. /.../ Au lieu d’avoir la prétention d’« agir », mais aussi de devoir risquer, d’avoir à affronter, de s’user, cet épiphénomène de l’action ayant tout compte fait si peu d’effet, « transformez » donc comme la nature. Mais bien sûr, comme c’est « tout » qui peu à peu, sous cet effet d’ambiance, s’en trouve modifié, du proche au lointain, nous n’en discernons rien et par suite nous n’aurons rien à en décrire, à raconter. On ne vous célébrera pas. Pas de saga ou d’épopée. Pour autant, cette discrète influence se distillant de jour en jour n’est-elle pas plus efficace en définitive, nous répètent à satiété les Lettrés chinois, que tout ce forçage et grand tapage fait à coups d’actions héroïques ou de prescriptions du Salut3 ? Car c’est partout, en tout, qu’on mesurera les résultats de ce procès bénéfique – les « mœurs », mores, disant bien ce conditionnement ambiant par contraste avec la morale individuelle et le choix du Sujet. Et même ne percevra-t-on pas ces résultats jusque dans les airs sereins et confiants, non récriminants et formant l’« atmosphère » d’un pays (guo-feng), qu’on entend chanter par les gens du peuple, reflets de ces temps paisibles, se diffusant dans la confiance et la bonne entente, au cours de leurs travaux journaliers ? Il n’y a à cela, certes, rien de spectaculaire et d’héroïque. Mais c’est bien ainsi qu’on a lu, durant deux millénaires, le plus ancien texte littéraire de la Chine, le Classique des poèmes (Shijing), équivalent de notre épopée, de l’Iliade et de l’Odyssée. Mais qu’est-ce, au juste, qu’une situation et dans quelle mesure peut-elle prendre le pas sur les sujets eux-mêmes – eux qu’on croirait premiers ? La bornera-t-on à la rencontre qu’a faite, un jour, l’un des deux, déclenchant un nouvel amour, et dont l’autre, depuis, se désole ? Mais celle-ci n’a pu elle-même avoir lieu qu’à titre de conséquence : parce qu’avait crû sourdement un déphasage progressif des deux existences – déphasage des rythmes vitaux, des occupations quotidiennes, qui chacune moule à sa façon, des atavismes qui reviennent,… – préparant ainsi le terrain pour cette opportunité, la rencontre d’une autre personne, qui s’est un jour présentée. Ou, ce qui serait pire encore, pour l’enfoncement solitaire de chacun d’eux dans son vieillissement. Nuitamment, la brèche esquissée est devenue fissure - fente - faille - fossé ; cet infime devenant infini, c’est « tout », entre eux, qui s’est trouvé contaminé. L’écart s’est creusé, comme on dit, c’est-à-dire que de lui-même il s’est déployé jusqu’à aboutir à cette tranchée d’in différence dont soudain on s’étonne et qui fait le divorce : en quoi serait-ce encore, là, une affaire des sujets ? Ou quand, devant cette évolution qui leur échappe, ceux-ci à l’envers s’avouent passifs et s’en prennent au destin, ils ont encore tort. Car n’est-ce pas plus simplement – effectivement – que le situationnel l’a progressivement emporté sur le personnel, au point que sur cette relation, telle qu’elle est devenue entre eux, désormais ils n’ont plus guère prise ? À quoi bon dorénavant, vis-à-vis d’elle, tous les assauts de la bonne volonté et les laborieux replâtrages ? /.../ Ne serait-ce pas que, l’un comme l’autre, Aristote aussi bien que Platon, ils s’effrayent devant ce qui serait, dans l’indistinct de la transition, la disparition de la forme-essence, l’eidos qui est aussi son logos, discours-raison, et de quoi seul, à leurs yeux, du réel tient sa consistance ? Y redoutant l’absurde, Aristote bute sur ce qui serait, à la fois, en train de s’engendrer et déjà engendré sans pourtant l’être encore ; sa phrase, en l’affrontant, en est brouillée et devient illisible8. De quoi donc s’approcherait-elle de trop près – mais qui précisément n’est pas de l’ordre du « quoi », de l’Être et du quelque chose – pour ne pas devoir s’affoler ? Autant déjà le reconnaître : ce n’est pas dans la pensée de l’« au-delà », dans l’audacieuse construction du meta de la méta-physique et du dépassement, que la pensée grecque vacille, mais bien dans ce trou laissé inopinément béant de l’entredeux ; ou, si j’ai parlé précédemment de symptôme, c’est que, de façon révélatrice, rien de moins que tout ce parti pris de l’Être et son grand bâtiment dit « ontologique » se trouvent mis en défaut, et prennent l’eau, par la transition. /.../ La neige fond (ou le parti pris de l’Être empêche de penser la transition): On a tort, je crois, d’envisager la diversité des cultures sous l’angle de la différence. Car la différence renvoie à l’identité comme à son contraire et, par suite, à la revendication identitaire – on voit assez combien de faux débats s’ensuivent aujourd’hui. Considérer la diversité des cultures à partir de leurs différences conduit en effet à leur attribuer des traits spécifiques et les referme chacune sur une unité de principe, dont on constate aussitôt combien elle est hasardeuse. Car on sait que toute culture est plurielle autant qu’elle est singulière et qu’elle ne cesse elle-même de muter ; qu’elle est portée à la fois à s’homogénéiser et à s’hétérogénéiser, à se désidentifier comme à se réidentifier, à se conformer mais aussi à résister : à s’imposer en culture dominante mais, du coup, à susciter contre elle de la dissidence. Officielle et underground : du culturel ne se déploie toujours, et ne s’active, qu’entre les deux. C’est pourquoi j’ai préféré, dans mon chantier ouvert entre la Chine et l’Europe, traiter non de différences mais d’écarts.





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